Retrouvez-moi sur

Petit traité sur le jeu du pschiiit !

Le pschiiit est un jeu au contrat tacite. Les règles ci-dessous exposées ne sont qu'une espèce de code qu'il est bon de suivre mais qui n'engage en rien la communauté qui joue. Ces règles peuvent donc être adaptées, assouplies ou complexifiées. Elles sont d'ailleurs accompagnées ici d'une série de conseils destinée à tirer le meilleur partie du jeu.

Il est néanmoins nécessaire de préciser qu'il s'agit là d'une forme de "folie ludique" qui ne devrait en aucun cas devenir prétexte à l’exécution d'intentions malveillantes. C'est pourquoi, à ces règles, j'ai également ajouté un code moral qui peut-être considérée comme la Règle N°0 à ne jamais oublier.

Précepte N°1

Ce grand pouvoir implique de grandes responsabilités.

Précepte N°2

Ce grand pouvoir implique de grandes fragilités.

Règle N°3

Rentrer dans le jeu du pshiiit signifie deux choses :

1. Pouvoir pschiiiter.

2. Être pschiiitable.

Règle N°4

Il y a deux méthodes pour pschiiiter quelqu'un :

1. En touchant ce quelqu'un avec son doigt (généralement son index) et en prononçant le mot "pschiiit".

2. En regardant droit dans les yeux ce quelqu'un et en prononçant le mot "pschiiit".

Règle N°7

Quelqu'un de pschiiité peut être manipulé de quelques manières que ce soit, par n'importe qui, même par quelqu'un qui ne joue pas au jeu du pschiiit.

Code moral

Le pschiiit est un jeu bon-enfant. Il peut en revanche, et facilement, perdre son innocence.
Ce code moral, ou Règle N°0, ne devrait pas avoir besoin d'exister, il en demeure pourtant capital.

Dans ce jeu, le degré de taquinerie varie d'un groupe à l'autre ; de plus, la limite du consentement peut vite devenir floue. Il est de bon ton de rester lucide quand à ce qui est tacitement autorisée entre les participants.
Certaines règles sont évidentes, car il est hors de question de nuire à qui que ce soit :

Règle N°1

Rentrer dans le jeu du pschiiit, c'est pour la vie.

Règle N°2

Il y a quatre moyens de rentrer dans le jeu du pschiiit :

1. En pschiiitant quelqu'un.

2. En dé-pschiiitant quelqu'un.

3. En se laissant pschiiiter.

4. En s'auto-pschiiitant.

Règle N°5

Les deux méthodes employées pour pschiiiter quelqu'un sont également les deux méthodes à employer pour dé-pschiiiter quelqu'un.

Règle N°6

Être pschiiiité signifie : ne plus avoir le droit de bouger, sous aucun prétexte, au risque de subir le déshonneur.

Règle N°8

Décider de ne pas jouer au pschiiit est une marque de courage tout aussi valable que de décider d'y jouer.

Règle 0.a
Ne pas pschiiiter quelqu'un lorsque cela pourrait mettre la personne en danger.
(exemple : ne pas pschiiiter quelqu'un qui conduit une voiture).

Règle 0.b
Ne pas pschiiiter quelqu'un lorsque cela pourrait mettre une partie importante de sa vie en  péril.
(exemple : ne pas pschiiiter quelqu'un avant un entretien d'embauche).

Règle 0.c
Ne pas pshiiiter quelqu'un afin de l'agresser.
(exemple : ne pas pschiiiter quelqu'un afin de le peloter contre son gré).

Règle 0.d
Ne pas pschiiiter quelqu'un pour obtenir de lui quelque chose qu'il refuserait de céder sous  aucun prétexte.
(exemple : ne pas pschiiiter quelqu'un pour lui dérober son journal intime).

Il est certainement possible d'ajouter une foule de règles supplémentaires à cette règle N°0, la plus importante.
Néanmoins, comme il est impossible de prévoir tout ce que l'imagination humaine contient de tordu, il est donc utile de rester à l’affût des débordements.
S'il devait arrivé un événement malheureux, il est également important d'admettre que le responsable et seul coupable est celui qui a pschiiiter sans discernement plutôt que celui qui s'est laissé pschiiiter par amour du jeu, par fragilité, par pression sociale, ou autre.

Dans ce petit traité, aucune règle ne précise qu'il est impossible de se dé-pschiiiter ou de refuser un pschiiit. C'est pourtant une consigne qui fait tout l'intérêt du jeu, et en toute situation convenable on peut se révolter face au refus de se laisser pschiiiter. Cependant, il est parfois difficile de définir ce qui fait une situation convenable, aussi les joueurs sont invités à ne pas mettre en danger leur intégrité physique ou moral dans un respect absolu des règles de ce jeu.


Le pshiiit est un jeu qui tire son intérêt de notre capacité à nous mettre en danger, à nous laisser taquiner. Des joueurs aguerris n'ont sans doute pas peur de se retrouver avec un doigt dans le nez ou dans une position ambiguë face à un autre participant pschiiité. Tant que les limites sont claires, le jeu est drôle. Si les limites sont floues, le jeu n'est plus un jeu.
Aussi est-il appréciable de tâter le terrain et de n'oser certaines choses qu'avec des joueurs dont nous connaissons les limites. Et les limites, si parfois elles se devinent, sont parfois bonnes à formuler clairement.

Conseil N°4 - Sur une certaine philosophie du pschiiité

L'exemple N°2 du conseil N°3 est en effet un appel à se débarrasser de tout orgueil et de toute fierté. Il est parfois préférable de rire d'une situation de soumission, car ce n'est que partie remise, plutôt que d'y résister.

Entrer dans le jeu du pshiiit nous octroie un pouvoir phénoménale, en même temps qu'une grande vulnérabilité. Refuser en permanence cette vulnérabilité, c'est également diminuer son pouvoir. Car si nous ne nous prêtons au jeu qu'à moitié, les autres n'ont aucune raison de se laisser faire.

Le meilleur exemple pour illustrer cela serait l'exemple du tricheur :
Le tricheur, qui est pschiiité, s'auto-dé-pshiiit dès qu'il en a l'occasion. Il ment, il fait croire qu'on l'a libéré, mais son petit manège ne dure pas longtemps.
S'il ne respecte que la moitié du contrat, s'il veut le pouvoir mais refuse la vulnérabilité, quelles raisons avons nous alors d'accepter qu'il nous pshiiit ? Aucune.

C'est là toute l'essence du précepte N°2.

Liste de conseils

Nul besoin de lire la liste de conseil qui suit pour jouer au jeu : ils ne sont qu'une suite d'exemples bien précis, souvent déjà expérimentés, et ici exposés afin de partager la beauté de ce jeu à travers une certaines flexibilité des règles qui le compose.
Il peut même être appréciable de découvrir par soi-même certaines de ces situations plutôt que d'essayer de les reproduire.

Conseil N°7 - Sur la modération des pschiiits

Un pschiiit en appelle souvent un autre. C'est qu'on accepte souvent de se laisser faire en sachant que la vengeance sera terrible. Aussi les échanges de pschiiits peuvent vite devenir interminables, pour ne pas dire envahissants. Certaines personnes ne jouant pas et refusant de jouer peuvent être lassés de voir de bons moments se transformer inlassablement en enfantillages.
Il en va de même pour ceux qui joue. Si le pschiiit est palpitant lors de sa découverte, il doit devenir plus subtil est nuancé à force d'y jouer. Il ne doit pas s'inviter automatiquement dans les soirées ou les récréations, sans quoi il deviendrait, comme une fleur qu'on a trop butiné, quelque chose qui n'a plus de saveur.

Conseil N°1 - Sur l'utilisation de la parole

Il est impossible d'être totalement immobile. Il va de soi qu'une bouche qui bouge afin de parler n'est pas nécessairement une infraction aux règles.
Il faut, avec le pschiiit, rester à l'écoute de ce qui est drôle.

Exemple N°1 :
Être pschiiité en plein appel téléphonique invite bien souvent la personne à ne pas parler.

Exemple N°2 :
Être pschiiité parce qu'on est trop bavard ou parce qu'on chante une chanson que personne  ne veut écouter est également une invitation à se taire.

Exemple N°3 :
En revanche, après qu'un pschiiiteur ait pschiiité tout un groupe de personnes dans une pièce et ait décidé de s'en aller pour les laisser entre eux, les participants pschiiités ont tout intérêt à bavarder entre eux, dans les positions dans  lesquelles ils sont, afin de faire passer le temps comme ils peuvent. Ils peuvent également s'époumoner afin d'appeler au secours un éventuel autre joueur encore libre de ses mouvements dans une pièce voisine.

Conseil N°2 - Sur l'utilisation de la parole afin d'appeler au secours

Imaginons une grande soirée en appartement. L'alcool coule à flot et les invités sont soit en train de danser, soit en train de discuter ; bref tout le monde est occupé.
Soudain, à l'abri des regards, quelqu'un vous pshiiit discrètement.

1. Faut-il hurler : "Je suis pshiiité, venez me sauver !" ?
2. Faut-il se taire jusqu'à ce quelqu'un nous remarque ?
3. Faut-il choisir le compromis en chuchotant discrètement et en bougeant les lèvres le moins possible : "Pssst, pssst, hep toi là-bas. Tu joue au pschiiit ? Je suis pschiiité, viens me sauver." ?

A vrai dire, la situation s'impose souvent d'elle-même. Il faut rester flexible et à l'écoute de ce que le contexte propose.

Conseil N°3 - Sur le principe de résistance

Être immobile n'appelle pas forcément à se laisser faire.
Encore une fois, cela dépend de la situation.
Parfois, il est même bon de faciliter le supplice.

Exemple N°1 :
Supposons que nous possédions une couronne et qu'on veuille nous la dérober en nous pschiiitant, il peut être possible de l'empoigner farouchement afin de ne pas la céder.

Exemple N°2 :
Supposons qu'on veuille nous faire manger d'ignobles dragées surprises de Bertie crochue au goût de chaussettes sales. Une fois pshiiité, plutôt que de recracher la dragée sur notre assaillant, il est préférable, pour la beauté du jeu, d'aider le pschiiiteur dans sa démarche maléfique en participant à mâcher soi-même puis avaler l'infâme friandise.

Conseil N°5 - Sur l'utilisation du pschiiit 2.0

Est-il possible de pschiiiter par visioconférence ? Est-ce seulement amusant ?
Le pschiiit 2.0 est souvent une mesure d'exception.
Je choisirai, pour illustrer mon propos, deux exemples.

Exemple N°1 :
Un ami, de l'autre coté de l'océan, durant un appel visio, et avec des pyramides mayas dans le dos, nous a un jour pschiiité. Il était si beau de voir qu'un océan ne puisse diminuer son pouvoir, qu'alors sans le moindre mot, nous nous sommes figés, le téléphone à la main, fixant le visage radieux de notre pschiiiteur. Il a monologué un moment, prononçant sans doute quelques pics auxquels nous ne pouvions répondre, puis nous a dé-pschiiiter.

Exemple N°2
Un soir j'ai voulu, honte à moi, piéger une amie pour la faire rentrer dans le pschiiit. Nous étions quatre dans un appartement, et elle seule ne jouait pas. J'ai pschiiiter tout le monde, sauf elle bien sûr, puis je suis parti, ne leur laissant pour unique solution que le déshonneur de se dé-pschitter par eux-même si l'amie en question refusait toujours d'entrer dans le jeu du pschiiit en les libérant.
Alors que je marchais dans les rues de la ville, je recevais une quantité astronomique de message me suppliant de revenir pour les libérer. Et tandis que je ne cédais pas, ils ont monté tout un stratagème pour me faire croire qu'un des joueurs s'était uriné dessus. Honteux, j'ai envoyé une photo de moi, le regard bien droit sur l'objectif, avec le mot "pschiiit" ajouté en légende, afin de libérer tout le monde.
Il va de soi que c'était une mesure d'exception et que la photo n'a plus d'effet maintenant.

J'appris, beaucoup plus tard, en me faisant pschiiité par l'amie en question, que mon piège avait fonctionné.

Conseil N°6 - Sur l'utilisation de l'auto-pschiiitage

Comme indiqué au point 4 de la règle N°2, il est possible de s'auto-pschiiiter.
Les règles N°4 et 5 ne sont d'ailleurs pas contredites par cela. Car il est possible de prononcer le mot fatidique en se touchant soi-même du doigt ou en se fixant dans un miroir.
S'il est déjà conseillé de ne pas pratiquer cela tout seul chez soi, on peut sans doute se demander en quoi l'auto-pschiiitage est une pratique digne d'intérêt.
On peut alors souligner deux circonstances dans lesquelles l'auto-pschiiitage n'est pas à négliger.

En effet, le pschiiit est, entre autre, un jeu d'honneur (ce vieux concept désuet pourtant plein de charme). Il peut donc être bienvenue de s'auto-pschiiiter, que ce soit par bravade, par compassion ou par fidélité.

En revanche, si le pschiiit est jeu d'honneur, il est également machiavélique. Bien que la règle N°9 souligne clairement le courage de ceux qui refusent de s'abaisser à jouer à cette aventure un tant soit peu immature, il est courant de vouloir faire entrer quelqu'un dans ce jeu, par la ruse, comme raconté dans l'exemple N°2 du conseil N°5.
L'auto-pschiiitage, par son culot et sa grande mise en danger, peut être un fort moyen de persuasion.
Dans un groupe composé de joueurs et de non-joueurs, après avoir pschiiité tout ceux qui pouvaient l'être, s'auto-pschiiiter permet la mise en place d'une situation quasi inextricable. Il faut soit céder au déshonneur, chose inconcevable pour beaucoup, en se libérant soi-même, soit attendre qu'une personne qui ne jouait pas décide de participer afin de libérer tous le monde. L'auto-pschiiiteur, même s'il subira probablement la vengeance de ses pairs, pourra au moins se gausser d'avoir étendu la communauté.

Conseil N°8 - Sur des pschiiit plus beaux que d'autres

Il y a des pshiiit basiques qui ne nous étonne plus, qui étaient amusant la première fois, parfois même plus longtemps, et parfois hilarants. Mais à force de trop les faire, ou de pschiiiter sans imagination, ce pouvoir entre nos mains, qui jadis était grand, devient quelque chose de mécanique.
Peut-être faut-il tendre à devenir de grand sages du pschiiit, plus qu'à de vulgaires diablotins hystériques. Ne pas pschiiiter durant des mois, attendre le moment opportun, bien préparer le grand spectacle du pschiiit, user de suffisamment de patiences et d'ingéniosités pour composer un pschiiit magistral capable de rester dans les mémoires.
Le pschiiiteur frénétique recevra moins d'éloges que celui qui, d'un mot, a fait un pur chef-d’œuvre.

X

IDENTIFICATION







OU